La médiathèque de Passamainty, « maison mère du livre, espace de recherche et de transmission du savoir et de la connaissance » a enfin trouvé un nom, s’est félicité le maire de Mamoudzou. Une dénomination à la fois «  difficile et facile ». Difficile compte tenu des possibles prétendants mais facile au regard du parcours de feu Rama M’SA. Sa fille est venue témoigner à la tribune, dans un vibrant hommage à son père décédé en 2014, de la gratitude « d’avoir à jamais gravé son nom ».

Un nom porteur d’espérance, Rama M’SA

Instituteur dévoué à la réussite de la jeunesse de Passamainty, il s’est entre autres impliqué dans la vie locale du village en tant que capitaine de football Rosador et de président de l’Association culturelle de Passamainty en 1986. Si cette dernière avait pour mission de gérer le foyer des jeunes, l’objectif affiché n’en était pas moins ambitieux qu’essentiel : la promotion de la culture auprès de la jeunesse.

En tant que premier adjoint au maire de Mamoudzou, Rama M’SA participe en 1997 à la création du point lecture de la bibliothèque de Passamainty au sein du foyer des jeunes. Une action engageante puisqu’elle a jeté les bases de la construction de l’actuelle médiathèque. Cet hommage rendu en dévoilant la plaque en son nom constitue une caisse de résonance du passé dans le présent, mettant en lumière les qualités d’un homme « d’exception » et « d’une grande richesse », incitant à poursuivre toujours et encore les actions en faveur de la réussite des jeunes. Cette réussite dont l’accomplissement, aujourd’hui, ne peut faire l’économie du développement des compétences au numérique.

Initier le public aux outils du numérique

« Le numérique est partout, à tous les niveaux. Nous avons pour objectif de réduire la fracture numérique », s’est exprimé Fabrice Chaudron, délégué régional académique au numérique éducatif. Une fracture non négligeable en témoigne les chiffres de l’Institut national de la statistique. En 2018 seuls 17 % des ménages de l’île disposaient d’un abonnement internet haut débit à leur domicile ; une proportion quatre fois inférieure à la métropole. A ce titre, la mairie de Mamoudzou a pris l’initiative d’installer des bornes wifi publiques afin de favoriser l’accès à internet sur le territoire de la commune et ainsi faciliter les démarches administratives dématérialisées des administrés. Cette initiative volontaire doit néanmoins composer avec un autre défi, corollaire du premier, celui de la maîtrise des outils du numérique.

A l’heure où « le numérique est notre avenir, facteur indispensable au progrès », selon Soiyinri Moudhoir, résorber l’illectronisme devient primordial. L’espace inauguré vendredi matin entend répondre, à son échelle, à l’éducation au numérique des jeunes. Entièrement financé par le GIP Carif-Orep, l’espace numérique entend, selon la convention signée avec la mairie « familiariser tous les publics à l’usage des technologies numériques afin de contribuer à la lutte contre l’illectronisme, [participer à] l’inclusion et favoriser la médiation numérique ». Pour y parvenir, un animateur est présent afin de porter assistance aux utilisateurs, petits et grands. Au regard de l’omniprésence d’internet aujourd’hui, y compris dans la recherche d’emploi, son utilisation et sa compréhension ne peuvent rester une chimère.

Pierre Mouysset